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Gemmothérapie : historique et fabrication

Naturatopia • mars 21, 2021

Le printemps est là, partons à la découverte de l'historique de la gemmothérapie et de sa fabrication !

L’usage des plantes à visée thérapeutique suit l’évolution de l’Homme. Les premiers écrits qui attestent de cet usage datent d’il y a plusieurs millénaires, en effet, c’est dans le papyrus d’Ebers, qui daterait du XVIème siècle avant notre ère, que l’on retrouve différentes pathologies ainsi que leurs remèdes (végétaux, animaux, minéraux, et incantations).

Il n’est fait nulle mention de l’usage de bourgeons avant le XIIème siècle de notre ère actuelle. C’est durant ce siècle que Sainte Hildegarde de Bingen constate que c’est en utilisant les éléments de l’arbre qui apparaissent au printemps (à savoir les bourgeons), que les vertus sont maximales et supérieures aux autres parties de l’arbre qui se développent après. Elle préconisera l’usage de 8 bourgeons en thérapeutique (cassis, bouleau, pommier, églantier, châtaignier, frêne, peuplier et tilleul).
C’est au cours de ce même siècle que Nicolas de Salerne (directeur de l’école de médecine de Salerne) aurait mis au point l’onguent populeum dont l’ingrédient principal est le bourgeon de peuplier noir (Populus nigra, d’où le nom de cette formule), et dont voici la formule :

Formule de l'onguent populeum avec l'utilisation de "gemmes de peuplier" qui correspond au bourgeon de peuplier.

Il faudra attendre le XXe siècle, pour voir apparaître la gemmothérapie telle que nous la connaissons, et nous devons cette (re)découverte au médecin Belge, le Dr Pol Henri (1918-1988).
Avant de parler de lui, intéressons-nous à ce qu’est la gemmothérapie.
La phytothérapie utilise une ou plusieurs parties matures de la plante, nous connaissons désormais quelle partie d’une plante contient le plus de principes actifs et à quel moment, il peut s’agir des racines, des tiges, des feuilles, des parties aériennes, des fleurs, des fruits, ou de l’ensemble de la plante. A l’inverse, la gemmothérapie n’utilise que les tissus embryonnaires de la plante, à savoir les bourgeons, les radicelles, ou encore les jeunes pousses.
Le nom « gemmothérapie » est l’association du mot latin « gemma » qui signifie pierre précieuse mais aussi bourgeon, et du mot « thérapie ».
Revenons au Dr Pol Henri. Ce médecin a connu les débuts de l’informatique, mais aussi la révolution de la biologie sanguine ce qui permettait aux médecins de l’époque et qui permet toujours, d’appuyer les diagnostics et de voir l’évolution des maladies mais aussi l’évolution des traitements en cours. Il voit débarquer çà et là, des plantes des 4 coins du monde, la chimie est alors en pleine effervescence, les laboratoires s’accaparent le monde végétal pour extraire des molécules et fabriquer de nouveaux médicaments. Cette façon d’extraire qu’une infime partie du végétal ne convenait pas au Dr Pol Henri, pour lui la chimie interne de la plante est bien plus complexe que la chimie extractive, et le secret des vertus des plantes se cachent dans la grande complexité des molécules différentes qui se trouvent dans le végétal (totum).
Non satisfait de ce qui se pratiquait autour de lui, il confia son désarroi à l’un de ses amis, Jean-Claude Leunis qui possédait alors un laboratoire de biologie médicale. Ce dernier lui rétorqua :
« Et si la médecine populaire n’avait utilisé que les remèdes ayant un pouvoir curatif visible et immédiat ? Tu crois qu’il existe des plantes médicinales, ici, dans nos campagnes et nos forêts, qui n’ont pas été utilisées parce qu’elles n’apportent pas des effets à court terme et visibles facilement ? Autrement dit, tu crois qu’il existe autour de nous de quoi soigner des gens qui souffrent de toutes ces maladies chroniques ? »
Le Dr Pol Henri répéta calmement la question : « … dans nos campagnes et nos forêts ? »
Une intuition émergea et il dit à son ami : « Jean-Claude, je crois que j’ai trouvé. Je crois que nous avons trouvé. Prépare tes machines, nous allons essayer quelque chose. »
Puis le Docteur partit sans attendre dans sa maison de campagne dans les Ardennes belges et il ne revint qu’un mois plus tard pour retrouver son ami : « Jean-Claude je t’ai ramené des échantillons. Je ne te dis pas ce que c’est. C’est complètement nouveau. J’ai mis un numéro sur les flacons, teste-les s’il te plaît. Celui-là c’est pour le cœur, celui-là pour les articulations. Dis-moi ce que tu en penses. Attention, il y a de l’alcool dedans, ce sont des teintures-mères. Des teintures-mères magiques. »
Parmi les différents échantillons, il y avait des teintures de bourgeons (récoltés dans la forêt), de fruits, et de feuilles (achetés en officine). Les analyses qu’entreprit Jean-Claude Leunis, montrèrent que les teintures de bourgeons présentaient des propriétés que les organes aboutis (feuilles, fleurs, fruits) ne possédaient pas. En effet, les bourgeons et autres tissus végétaux embryonnaires, possèdent toutes les informations pour reconstituer intégralement le végétal, ils ont une concentration et une diversité en principes actifs uniques, et une concentration en principes actifs supérieure aux autres parties de la plante.
Dr Pol Henri n’était pas encore totalement satisfait de ses teintures, en effet, le titre alcoolique était trop élevé (environ 70°), il pensait alors qu’il fallait quelque chose de plus doux, plus subtile pour exprimer tout le potentiel thérapeutique des bourgeons.
Il se livra à divers autres essais non-concluants.
C’est au cours d’une soirée qu’il rencontra un Français qui lui présenta un sous-produit de l’industrie cosmétique : la glycérine. La nuit fut productive, et le lendemain même, Le Dr Henri mis en macération des bourgeons dans de l’eau, de l’alcool et… de la glycérine !
Les résultats obtenus furent bien meilleurs avec ces trois solvants, toutefois notre médecin par méconnaissance de la toxicité des bourgeons, préféra utiliser des bourgeons dilués 1DH (utilisation d’un volume du macérât-mère et ajout de 9 volumes de solvants). Il appela alors cette thérapeutique : la phytembryothérapie (utilisation des parties embryonnaires des plantes en thérapeutique).
Les laboratoires homéopathiques reprirent ce système de dilution 1DH, mais en gardant uniquement l’alcool et la glycérine comme solvant (pas d’eau).
Le Dr Max Tétaux, médecin homéopathe Français, et d’autres médecins d’Europe poursuivirent, dans les années 80, les recherches et les expérimentations du Dr Pol Henri et de son ami Jean-Claude Leunis. Il donna alors le nouveau nom de « gemmothérapie » à cette thérapeutique que le Dr Henri appelait « phytembryothérapie ».
En 1995, Philippe Andrianne, introduit la forme concentrée (macérât-mère) par la triple macération : eau, alcool, glycérine.

Comment est fabriqué un macérât-mère ?

Tout d’abord est déterminé le taux d’humidité du bourgeon, la plupart des laboratoires ne calculent pas ce taux et partent du principe qu’un bourgeon, en moyenne, contient 80% d’eau. On détermine donc le poids sec des bourgeons à mettre en macération qui représente 1/20ème du poids total du macérât, les 19/20ème restant correspondent à 1/3 d’alcool, 1/3 de glycérine, et 1/3 d’eau.
Cas pratique :
Je cueille 100 grammes de bourgeons de tilleul, taux d’humidité moyen 80%. J’ai donc 20% de poids sec, ce qui nous donne 20 grammes.
Ces 20 grammes correspondent au 1/20ème du macérât : 20x20=400. Le macérât final fera donc 400 grammes.
400 grammes – 20 grammes de bourgeons en poids sec = 380 grammes. Il faudra donc rajouter 380 grammes de solvants (eau, alcool, glycérine) présents en tiers.
380/3=127 grammes. Chaque solvant sera présent à 127 grammes.

Pourquoi de l’eau, de l’alcool et de la glycérine ?

L’eau extrait les principes hydrosolubles
Certaines vitamines et acides
Les flavonoïdes
Les sels minéraux
Les tanins
Les polyphénols

L’alcool  extrait
Les alcaloïdes
Certains acides
Divers hétérosides
Les glucosides
Certaines vitamines

La glycérine extrait

Les cires
Les phénols
Les huiles essentielles
Les flavonoïdes
Les gommes
Les matières colorantes
Permet de stabiliser certaines molécules

Qui peut utiliser la gemmothérapie ?

La présence d’alcool peut poser question pour certaines personnes : quid du jeune enfant ? Quid de la femme enceinte ou allaitante ?

Jusqu’à l’âge de 5 ans, on préconise une goutte par année d’âge. Pour la femme enceinte, on préfèrera ne pas dépasser la prise de 5 gouttes par jour.

Il faut savoir que 5 gouttes par jour apportent moins d’alcool qu’une dose de vinaigrette ou qu’une pomme mûre ou encore qu’une banane mûre.

La seule contre-indication absolue que je vois est celle de l’utilisation de macérât-mère chez la personne alcoolique en sevrage, il ne faudrait pas que le travail de guérison en cours soit ébranlé par la prise d’une dose (même infime) d’alcool.

Certains thérapeutes contre-indiquent les bourgeons de framboisier, d’airelle, de chêne et de séquoia chez les patients aux antécédents de cancers hormono-dépendants, en effet, ces bourgeons apporteraient certaines hormones. J’emploie volontairement le conditionnel, car à ce jour rien ne prouve ces possibles contre-indications.

Potentiellement, tout le monde ou presque peut recourir à la gemmothérapie, je vous invite à vous tourner vers un professionnel de santé compétent pour faire du cas par cas, et trouver le bourgeon qui vous convient le mieux, à la posologie la plus adaptée par rapport à votre pathologie.

Pour quoi : indications ?

La gemmothérapie peut être utilisée pour traiter le terrain d’une personne, pour prévenir des maladies infectieuses ou chroniques. Elle peut être utilisée également dans les états aigus.
On l’utilisera dans la prévention des altérations organiques et dans la prévention du vieillissement.

Posologie ?

Comme vu précédemment, pour le jeune enfant on préconise une goutte par année d’âge.

Une fois par jour pour traiter le terrain ou en préventif et deux fois par jour (on double la dose) dans les états pathologiques aigus (en deux prises).

Pour la femme enceinte ou allaitante, et après validation par un professionnel de santé, il est possible de prendre jusqu’à 5 gouttes par jour.
Pour un adulte, on prendra de 5 gouttes (une prise le matin) à 10 gouttes (en deux prises) par jour en prévention ou pour traiter le terrain, et il sera possible de monter jusqu’à 30 voire 45 gouttes par jour en aigu (en trois prises).

De manière générale, pour une utilisation en maladie chronique ou pour traiter le terrain, je conseille 5 jours sur 7 (une pause le weekend) ou trois semaines sur quatre, ma préférence allant pour la pause du weekend, les résultats sont plus homogènes de cette manière.

Ces posologies s’entendent pour une utilisation de macérât-mère et non pour les macérâts glycérinés 1DH que fournissent les laboratoires homéopathiques. Je ne développerai pas ce type de produit, car ce sont des produits de qualité inadaptée en thérapeutique, où la dose d’alcool par prise est beaucoup trop importante (10 fois celle d'un macérât concentré), de plus ces macérâts glycérinés ne sont fait qu’à partir de deux solvants (alcool et glycérine) uniquement.
Sources :
Gemmothérapie : les bourgeons au service de la santé de Stéphane Boistard
La phytembryothérapie de Docteur Ledoux
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